Les Paradis fiscaux drainent l’argent du sud

Publié le par AECAL

 

 

Selon l’OCDE, les paradis fiscaux attirent chaque année l’équivalent de 7% à 8% du PIB de l’Afrique.. La plateforme Global Financial Integrity estime que 850 à 1000 Milliards de Dollars par an échappent aux pays en développement

 

Par Xavier HARREL

 

De la Suisse aux iles Vierges Britanniques en passant par Singapour, les paradis fiscaux sont de nouveaux sur la sellette. Plusieurs scandales (qu’il s’agisse des milliards d’euros cachés dans des fondations au Liechtenstein ou des tracas d’UBS avec la justice Américaine) ont rappelé que les sommes en jeu sont colossales.

Après une décennie de laisser-faire l’Europe et les États-Unis affichent à nouveau leur volonté de mettre sous cloche ces paradis de l’évasion fiscale. La question sera notamment débattue lors du G20 de Londres le 02 Avril 2009 où les chefs d’États tenteront de jeter les bases d’une refondation du capitalisme mondial

La fuite des capitaux vers les paradis fiscaux n’est pas un problème circonscrit aux pays riches. Le directeur du département sur les politiques fiscales de l’OCDE Jeffrey OWENS souligne ainsi que "les paradis fiscaux ont un impact beaucoup plus important sur les pays en développement que sur les pays développés" les places offshore "drainent des volumes considérables de revenus des pays en développement, l’équivalent de 7 à 8 points de PIB du continent Africain". Des montants très supérieurs à l’aide au développement que les pays riches accordent à l’Afrique

 

Deux nouvelles études permettent de prendre la mesure du problème. La première, réalisée par deux chercheurs de l’université Canadienne de Massachusetts Amberst, Léonce NDIKUMANA et James K. BOYCE évalue à 420 milliards de dollars le montant des capitaux ayant fui l’Afrique entre 1970 et 2004.. Compte tenu des intérêts générés, plus de 600 milliards de dollars dorment sur des comptes étrangers. Ce chiffre très supérieur à la dette du continent (398 milliards de dollars en 2004) signifie que l’Afrique est "créditeur net" à l’égard du reste du monde.

Pour certains pays comme l’Angola, la Côte d’Ivoire, le Congo Brazzaville, le Gabon ou le Nigéria, les sommes qui ont quitté le pays représentent même plus de quatre fois la dette extérieure.

 

MANIPULATION DES PRIX

 

Global Financial Integrity, un think tank Américain a pour sa part évalué l’ensemble des flux financiers qui quittent illicitement les pays en développement. Ces flux englobent les revenus générés par des activités illégales comme la corruption, les détournements de fonds publics ou les activités criminelles. Mais ils incluent aussi et surtout les pratiques consistant à manipuler les prix des importations et des exportations.

Une méthode fréquemment utilisée pour sortir des capitaux d’un pays consiste à gonfler artificiellement le prix des importations ou au contraire à exporter des marchandises produites localement à des prix bradés.

L’économiste Simon PAK (Pensylvania University) a ainsi montré que le Ghana avait importé des États-Unis des pneus de voiture à 3360 dollars pièce et exporté des diamants bruts à 35 dollars le carat alors que le prix international était alors de 1360 dollars ! Ces opérations ont provoqué des sorties de capitaux du Ghana évaluée à 830 millions de dollars sur la période 1996-2006.

Pour l’ensemble du continent, les sorties des capitaux vers les États-Unis atteindraient 31,1 milliards de dollars, les pertes liées à la sur-réévaluation des importations (14,6 milliards de dollars) approchant la sous-évaluation du prix des exportations (16,5 milliards).

Par construction, les flux illicites n’apparaissent pas dans les statistiques officielles mais plusieurs modèles économétriques, certains développés par la Banque Mondiale et le FMI, permettent de les appréhender.

En combinant ces différents modèles sur la période 2002-2006, Global Financial Integrity estime qu’entre 850 milliards et 1000 milliards de dollars sont illégalement sortis des pays en développement en 2006. Un chiffre en constante progression puisqu’il augmente de 18% l’an sur la période examinée.

L’Asie, en raison notamment du poids de la Chine dans le commerce international, concentre la moitié de ces flux financiers illicites.

 

"La réunion du G20 à Londres doit apporter des solutions" à expliqué Christine LAGARDE lors du forum de Davos en citant comme exemple les paradis fiscaux "à propos desquelles on ne peut plus accepter de n’avoir aucune information".

En vue de préparer ce sommet des 1er et 02 Avril 2009, les pays ont prévues plusieurs réunions : à Rome les 13 et 14 février 2009 (G7 finances) : à Berlin, le 22 février 2009 (réunion des chefs d’États du G20) : et sans doute à Londres à la mi-mars (réunion des ministres des finances du G20)
 
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Patrick Eric Mampouya

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